Le sacrifice éternel
The interview is also available in Dutch and English. The English translation of the interview answers was done by Leex; the Dutch translation by Degtyarov.
(Excusez, mes amis françaises, mais les questions sont encore en anglais; je parle de français pire que ton chien. – Degtyarov)
Degtyarov: Let us start by clarifying the concept and history of Sühnopfer, for those who may not be familiar with the band. What were the circumstances of its founding and how has the band’s concept developed over the years?
Hails ! Commençons donc par une petite retrospective.
J’ai créé Sühnopfer en 2000 lorsque j’avais une quinzaine d’années. Je jouais alors dans des groupes de black métal locaux en tant que batteur, c’est ce qui m’a poussé à m’intéresser à pratiquer tout les instruments afin de créer ma propre musique. J’ai donc toujours écrit et exécuté entièrement les morceaux de Sühnopfer.
Évidemment les débuts ne furent pas des plus mémorables, il fallait d’abord que j’apprenne à maîtriser correctement les instruments et la manière de composer des morceaux. Ma première demo-tape « The Eternal Sacrifice » (2001) était une sorte de compilation de morceaux enregistrés sporadiquement sur mon quatre pistes à cassettes. Les thèmes abordés alors n’étaient pas des plus originaux (lorsque tu as quinze ans et que tu débutes dans le black metal, tu es forcement influencé par les groupes que tu écoutes, il y a toujours à ce moment là une volonté plus ou moins consciente de s’identifier à un milieu et de reproduire ce qui te sert de modèle…) : il s’agissait alors de sentiments purement anti-religieux sans réels développements. J’ai ensuite sorti comme cela deux autres démos, en 2003 (« Shades of thy beauty ») et 2004 (« Laments »). Au cours de ces premières années ma musique a peu à peu évolué vers un black metal plus mélodique, et surtout plus personnel. C’est « Laments » qui a permis de me faire connaître à une modeste échelle dans l’underground français de l’époque, cette démo est d’ailleurs aujourd’hui citée en référence dans l’ouvrage « Anthologie du Black Metal » de mon ami Guudrath, récemment paru chez Camion Blanc.
Mais je pense que le tournant pour Sühnopfer a vraiment été l’enregistrement de mon premier EP sorti sur un label (Eisiger mond) en 2007 « l’Aube des Trépassés », à une période de ma vie où mon intérêt pour le passé médiéval et les vestiges laissés dans ma région était grandissant, et où j’ai également franchi un cap dans l’écriture des morceaux et la manière de les jouer. Le tout était alors doublé d’une furieuse envie de solitude et de contemplation. Une diffusion plus large et de nombreux retours m’ont permis une petite percée dans le paysage du black metal français. Le type d’Horna me propose même alors de produire la version cassette de cet EP. Je ne m’attendais pas vraiment à ce genre de chose lorsque j’avais débuté… Mais finalement l’optique est restée invariablement la même: créer une musique qui me plaît avant tout, pour ma propre satisfaction, cela amène une authenticité qui se ressent sur les albums.
La suite était donc attendue, surtout que « L’Aube… » renfermait encore quelques petits défauts. Le premier « véritable » album de Sühnopfer est donc sorti en 2010, au bout de 10 ans d’activité, sur Those Opposed records. « Nos Sombres Chapelles » a permis de mesurer la qualité de mon jeu et de mes compositions, et a été pour moi un réel aboutissement musical et personnel. J’y ai également développé les thèmes abordés avec le précédent EP, pour vraiment m’inscrire dans une dimension médiévale, chevaleresque, obscurantiste et religieuse à la fois, en y incorporant un rapprochement avec le « terroir » qui renferme encore aujourd’hui tant de traces et d’énergies d’un passé autant obscur que glorieux.
D: Sühnopfer may not have accrued the same amount of fame as some other French BM bands, but how has the reception to your music been over the years? Do you have a lot of foreign fans, for example?
Sühnopfer a d’abord connu une diffusion à l’échelle française, puis un peu plus large depuis 2007 avec l’aide des labels. Il faut aussi se dire que finalement je n’ai pour l’instant sorti qu’un seul « album » (bientôt deux) et un EP. Donc même si il y a un peu plus d’étrangers touchés par le biais d’internet ou des labels, j’en reste encore à un niveau de reconnaissance plus français qu’international.
Il ne faut pas oublier non plus que je ne fais pas de prostitution, euh pardon, de promotion partout sur internet (juste une page officielle que j’actualise de temps à autre), pas de concerts, et que je ne roule pas sur l’or non plus pour avoir les moyens de me payer des pubs dans les magazines ou engager un webmaster ou un manager à la con comme le font certains groupes. Je n’ai pas forcement toujours le temps non plus d’œuvrer à une quelconque promotion, en plus des autres groupes pour lesquels je joue, et de mon travail…
Mais fort heureusement je ne recherche pas la célébrité, juste à faire de mon mieux les choses qui me plaisent, c’est évidemment gratifiant si cela suscite un certain intérêt (ça ne sert à rien de se casser le cul à faire les meilleurs albums possibles sinon). Peut-être que le créneau d’un black metal plutôt mélodique et médiéval comme celui de Sühnopfer n’est pas aussi porteur que d’autres genres…il ne s’agit pas de morceaux basiques a 3 riffs, mais de compositions et instrumentations pour lesquelles il faut une écoute un minimum attentive pour tout déceler, donc certainement moins accessible pour certains…
Comme je l’ai dit précédemment, les retours sont très positifs depuis « l’Aube des Trépassés » et « Nos Sombres Chapelles », (même si il y aura toujours un débile ou deux dans l’assistance pour dire « c’est pas assez comme ceci » ou « c’est trop comme cela »… alors qu’ils ne sont pas foutus eux-mêmes de jouer d’un instrument décemment…), mais je ne vais pas me gargariser sur les retours ou les critiques, vous n’aurez qu’à aller lire les chroniques pour savoir ce qu’en pensent les autres…
Pour finir là-dessus, disons que la renommée de Sühnopfer augmente aussi avec mon implication dans d’autres groupes, et j’espère que tout cela va se concrétiser avec le prochain album.
D: Fenriz has repeatedly stated that, while he is often viewed as ‘the drummer of Darkthrone’, he actually has more affinity with the bass guitar. And even though you are a well-established multi-instrumentalist yourself, I still think of you as a drummer; not even because you play this instrument in Peste Noire, Christicide and a plethora of other bands, but because the drums are so prominently featured in your work with Sühnopfer. So, do you ‘feel’ a drummer, or do you secretly cherish love for another instrument?
Même si j’ai commencé la musique à l’âge de 6 ans par l’apprentissage de l’accordéon, j’ai toujours été plus attiré par la batterie, que j’ai pu enfin pratiquer à l’âge de 14 ans. La pratique des autres instruments n’est venue qu’ensuite, je me considère avant tout comme un batteur, j’aime évidemment travailler la guitare ainsi que la basse dans les compositions de Sühnopfer, mais il est vrai que la batterie est la ligne conductrice de mes activités musicales.
D: They really do, because when I first listened to Nos sombres chapelles – the title track primarily – the music sounded as if the drum patterns had been written first, and the guitar riffs came later. While I don’t know if things work like that, is there any truth in the idea that the compositions and structures of Sühnopfer’s music are considerably more drum-based than your usual black metal band?
C’est peut-être l’impression que ça donne, mais ce n’est pas le cas. L’écriture des morceaux de Sühnopfer débute toujours par la composition des guitares. Une fois les riffs assemblés et arrangés (la plupart du temps trois lignes de guitares en harmonisation), je me penche un peu plus sur les parties de batterie, que je met effectivement un point d’honneur à travailler pour qu’elles correspondent au mieux aux riffs et apportent aussi une certaine technicité, et à donner le meilleur de moi-même pour l’enregistrement car c’est mon instrument de prédilection. Le remplissage des patterns vient de ma façon de jouer et donne donc cette impression de « composition par la batterie », qui doit être également provoquée par le mixage un peu plus fort de la batterie que dans les groupes « normaux », car en tant que batteur j’ai certainement tendance à vouloir la mettre plus en avant. Mais j’aimerais vraiment qu’on puisse aussi autant s’attarder sur la composition des guitares, car c’est ce qui me prend le plus de temps et qui constitue pour moi l’âme des morceaux.
D: Sühnopfer, as a band, seems very tied to the specific history of the region it hails from – Auvergne. You even have the Auvergnat emblem tattooed on your back. I know that, in Spain, for example, it would be difficult to identify with Catalonia or Galicia without at least awakening the suspicion of some politically sensitive context. Does this kind of regional affinity carry any connotations of regionalism/separatism in France? And if yes, does this reflect on your music at all?
Je suis tout d’abord attaché au Bourbonnais (représenté par le blason dans mon dos), l’ancienne province des Ducs de Bourbon qui correspond en gros au département actuel de L’Allier, et qui fait aujourd’hui administrativement partie de l’Auvergne. J’y suis né et j’y ai mes ancêtres, parmi le bocage, les forêts et les ruines. Mes études et mon travail m’ont emmené en Auvergne du côté de Clermont, Riom, et aujourd’hui la campagne du sud du Bourbonnais (au nord de l’Auvergne), ce qui m’a fait également découvrir et apprécier une grande partie de la région. Il y aura toujours des gens pour donner une image rétrograde à l’Auvergne. Il est vrai que le climat peut y être rude, les étendues vastes et les hameaux isolés…mais c’est cela qui contribue à forger de vrais caractères, pas des lopettes embourgeoisées. Plus globalement, je trouve qu’il y a tout ce qu’il faut pour vivre paisiblement ici. Nous avons une grande diversité dans les paysages, les villages, les vestiges et les sites naturels, c’est aussi dans cette atmosphère que j’essaye de puiser l’énergie qui va animer mes morceaux.
Cependant, n’ai fait jusqu’à présent qu’assez peu de référence régionaliste dans mes textes, les seuls morceaux mentionnant ce territoire étant « Brûme sur le Chastel », et « Espérance ». Le prochain album comporte quant à lui certains morceaux basés sur des légendes locales rattachées à des lieux bien précis (le château de l’Ours dans l’Allier par exemple, là où ont été prises mes dernières photos). Je suis surtout friand de l’utilisation du visuel, monuments et paysages, que nous procure le patrimoine régional par son cachet et son atmosphère. Je trouve que cela correspond bien aux thèmes que je suis amené à aborder. J’ai beau être attaché à mes racines, Sühnopfer n’est pas pour autant un groupe « régionaliste » politiquement parlant, mais la moindre référence au terroir ou symbole dans un artwork peut amener à être catalogué comme tel.
Concernant le régionalisme, il est depuis quelques années mis en avant un peu partout en France, mais a tendance parfois a seulement servir d’argument « marketing ». L’histoire de France a fait disparaître peu à peu les différences régionales, les dialectes, au profit de l’unité territoriale depuis plusieurs siècels. Il y a toujours eu des velléités séparatistes en Corse par exemple, ce qui peut se comprendre au vu de l’histoire et des spécificités géographiques, mais pas au niveau des autres régions dont certaines revendiquent leur identité propre (Bretagne ou Alsace par exemple), mais l’organisation administrative du territoire en France n’équivaut pas vraiment à celle des régions plus autonomes d’Espagne ou d’Allemagne. Il faut savoir qu’en France les « régions » administratives n’existent que depuis les années 1980, et s’appuient en fait sur l’échelon départemental (désolé pour ce cours de politique intérieure française). Le paradoxe en France c’est lorsqu’on dit « j’aime ma région », ça va, c’est du folklore. Mais lorsque l’on dit « j’aime mon pays », c’est raciste…allez comprendre.
Enfin, que l’on veuille retrouver une identité un peu plus enracinée au plan régional et local n’est pas une mauvaise chose au niveau culturel, c’est un enrichissement, et surtout un contrepoids à la façon de vivre de l’immense partie de la jeunesse déracinée et déculturée qui peuple notre pays.
D: Expanding some more on the cultural aspect: one peculiar detail about Sühnopfer is that the first few demos were in English, but that with L’aube des trépassés, you switched to French. Usually we see this happen the other way around. Bands like Enslaved switched to English to appeal to a larger audience (even though they hilariously deny this), but it consequently seems hard to believe that you switched to French to appeal to, uhm, a smaller audience. Is there any particular reason for the switch from English back to French?
C’est exact, mes textes étaient en anglais sur les trois démos, à part un titre en français sur « Laments ». J’ai ensuite utilisé le français uniquement depuis « L’Aube des trépassés », pour la simple et bonne raison qu’il m’était impossible d’exprimer pleinement et entièrement les émotions que je voulais faire passer en anglais, car je n’ai qu’un vocabulaire assez limité dans cette langue, et surtout car les thèmes abordés dans mes morceaux me permettaient d’agrémenter mes textes de mots et d’expressions en vieux français afin de les enrichir, et aussi leur donner un aspect un peu plus sombre. Par exemple dans « Vous, ou la Mort », qui traite de coutumes médiévales oubliées, il y a des termes utilisés qui ont aujourd’hui disparu, mais qui devaient être cités car vraiment propres au sujet abordé.
Je ne vais pas me lancer dans l’écriture de tous les textes en vieux français, ça deviendrait bien trop inabordable pour moi et pour le lecteur. La langue française permet à mon goût ce mélange de mots désuets, lorsque les thèmes sont abordés dans leur contexte. Pour l’écriture des paroles, ce qui compte pour moi est la recherche thématique, historique, et l’ambiance qui va coller au morceau.
Déjà maîtriser parfaitement la langue française actuelle est un petit exploit pour beaucoup de gens, quand tu vois le massacre qu’on en fait quotidiennement… (petite anecdote, j’ai été prof il y a quelques années, et je peux te dire que 80% des jeunes de ce pays ne sont pas capables d’écrire un texte sans faire de faute de grammaire ou d’orthographe. Alors que quand j’étais élève, on nous bottait les fesses à la moindre erreur, cela semble aujourd’hui passé dans l’air du temps, et personne n’a l’air d’y prêter attention, c’est un vrai désastre culturel).
Continuer à écrire des textes en anglais m’aurait donc sans doute amené à tourner en rond et à utiliser des tournures déjà vues, sans originalité. Je préfère écrire du bon français même si ça ne me permet pas d’avoir une audience plus internationale que francophone, plutôt que d’écrire de l’anglais bas de gamme sans intérêt. En outre, je me vois mal aborder dans mes textes des légendes médiévales auvergnates en anglais par exemple, ce serait complètement paradoxal.
D: Still, in general, it seems as if French black metal bands these days are much more inclined to sing in their native tongue than bands from, say, Scandinavia or Holland. Do you share this perception, and do you have a possible explanation?
Je n’ai jamais vraiment fait attention aux langues utilisées par tous les autres groupes français, je pense que si beaucoup d’entre eux, dont Sühnopfer, utilisent le français c’est avant tout par l’usage légitime de leur langue natale comme tu l’as dit, ou par une prise de conscience de la richesse de la langue française et l’importance patrimoniale de son utilisation. Quelque part la France est un peu à la traîne en général en ce qui concerne la pratique des langues étrangères, j’en suis moi-même un bon exemple. Dans certains pays d’Europe du nord, les gens vont pratiquement développer un bilinguisme langue natale/anglais, ce qui est loin d’être le cas en France. Mais finalement peu m’importe la langue utilisée dans les textes des groupes, tant que ceux-ci s’expriment sincèrement et font preuve d’originalité c’est ce qui compte pour moi. Par contre, un groupe qui va utiliser un anglais approximatif et des expressions « clichés » ne méritera aucune attention.
D: About a year ago, it was announced that you would be performing on the new Peste Noire album, acting as the band’s drummer. How did you end up in the ranks of what may just be France’s most infamous metal band?
J’avais déjà croisé Famine à quelques concerts (nous avions fait la première partie de Peste Noire à Lyon avec Sigillum Diabolicum en 2007), et notamment ceux d’Aorlhac dont il apprécie la musique. Je lui avais laissé un exemplaire de « Nos Sombres Chapelles », qu’il a dû apprécier également, puisqu’en août 2012, il m’a contacté car il cherchait quelqu’un pour enregistrer la batterie sur son nouvel album, et il n’a pas fallu longtemps pour qu’on tombe d’accord. Le fait qu’il ait déménagé en Auvergne entre temps a aussi certainement bien pesé dans la balance. Enfin je peux vous renvoyer aux propose tenus par Famine dans son interview « KPN V ».
D: Peste Noire’s self-titled album has been out for a while now, and one could say the dust has settled. How has the K.P.N. adventure been for you, so far? Did you get a lot of responses on your performance, either from listeners or other bands interested in hiring your services?
L’enregistrement des parties de batterie a été rapide (environ un jour et demi), et j’ai également effectué une petite apparition à l’accordéon, instrument que je n’avais pas touché depuis de nombreuses années. Nous avons aussi passé un weekend rocambolesque avec Valnoir de Metastazis pour les photos de l’album, et ce fût une grande satisfaction de pouvoir être aux crédits de cet album quasiment en duo avec Famine. L’important était surtout que nous soyons satisfaits du résultat. Avoir enregistré rapidement et de façon parfois improvisée, ou parfois en accord avec les souhaits de Famine, ainsi que le mode d’enregistrement, font que la batterie n’est probablement pas aussi spectaculaire que ce que je peux produire sur Sühnopfer ou Christicide par exemple, mais il faut aussi savoir adapter son jeu en fonction des spécificités d’un groupe.
J’ai toujours eu pas mal de demandes d’autres groupes bien avant de jouer dans KPN, car déjà avec mon travail dans Sühnopfer, Christicide ou Aorlhac, beaucoup ont pu apprécier mon jeu de batterie sur album ou sur scène. Je suis amené à refuser chaque année au moins deux ou trois sollicitations de groupes cherchant un batteur pour leurs concerts ou du studio, car mon emploi du temps ne me le permet pas…
D: Staying on the topic of Peste Noire for just a little bit longer, the fact that it is the project of Famine and Famine only has been established well over the years. The other band members have often been referred to as mere session members who contributed their technical skills to the band, but nothing more. Still, I get the impression – and do correct me if I’m wrong – that you have come closer to being a full-fledged band member than the likes of Andy Julia and Neige, whose tasks were very limited. So tell me, are you, as the band’s drummer and accordionist, a mere mercenary in Kommando Peste Noire, or one of its genuine légionnaires?
Il est vrai que tout le mérite de la composition et du concept de Peste Noire revient à Famine depuis les débuts. Le groupe a également quatre albums à son actif avant que j’y sois incorporé. Au départ je pensais avoir été appelé en renfort juste pour l’enregistrement du dernier album, puis ensuite nous avons vite discuté de prévoir des concerts, pour lesquels certains de mes amis proches pourraient être intégrés au line-up. Comme je l’ai dit, le fait que Famine ait déménagé en Auvergne a sans doute favorisé les choses, nous nous côtoyons régulièrement (il m’a même gratifié d’une petite partie de chant pour le nouveau Sühnopfer), et même si nous n’avons pas les mêmes personnalités nous partageons indubitablement certaines idées. J’espère bien sûr que cette collaboration pourra perdurer et faire que KPN puisse grandir encore plus.
D: The year 2013 must have been very busy for you: not only was the new Peste Noire album released, but also Christicide’s latest effort, Upheaval of the Soul. Could you tell us a bit more about your role in that band? Are you involved in the composition process, for example?
Tout d’abord le dernier album de Christicide a été enregistré fin 2011, mais il a fallu attendre assez longtemps pour des questions de mastering, d’artwork et de pressage. Je joue de la batterie dans ce groupe depuis 2008, juste après la sortie de leur premier album. Nous avions jusqu’à présent sorti un split EP avec Cantus Bestiae, et une live tape très underground, mais nous avons surtout effectué de nombreux concerts avant la sortie du nouvel album. Scars est la tête pensante de Christicide, il compose les morceaux à la guitare (sur lesquels les autres membres ont quand même leur mot à dire) et écrit les textes. Je peux bien évidemment développer mon jeu de batterie et le faire correspondre au maximum à ce que nécessitent les morceaux. La distance fait que nous ne répétons pas souvent, nous le faisons en général la veille de concerts, ou pour entamer un processus de composition.
D: Later in this busy year, we will finally see the release of Sühnopfer’s new album. I can imagine that recording a CD all on your own is a very demanding and drawn-out process. So, how long have you been working on it, and when can we expect it to be released?
A l’heure où j’écris je n’ai pas encore de date précise pour la sortie, je vais procéder au mixage dans les jours qui viennent, il me faut encore attendre quelques parties de chant effectuées par un ami, et tout sera complet. C’est NKS d’Aorlhac qui aura capturé le son de cet album et l’aura masterisé. Il faudra ensuite attendre en fonction des délais de pressage, ce qui peut prendre du temps.
Concernant le processus de composition, c’est effectivement assez long, tout dépend en premier lieu du temps que je vais mettre à trouver les riffs en fonction de l’inspiration, et trouver le bon assemblage pour les morceaux. Il faut ensuite que je trouve les lignes de guitares qui viendront compléter les riffs de base pour avoir les éléments principaux du morceau, et commencer à réfléchir aux parties de batterie. Je réalise mes maquettes sur mon vieux 4 pistes-cassette pour assembler guitares et batterie. Cela prend généralement une bonne année avant d’arriver à ce stade. Ensuite je peux réfléchir aux textes et travailler plus en profondeur les parties de batterie, ainsi que les arrangements des guitares, avant de commencer l’enregistrement de l’album. Je ne travaille la basse qu’une fois les parties de batterie et les guitares enregistrées en studio, puis je procède enfin à l’enregistrement du chant.
Pour mon nouvel album par exemple, j’avais terminé de créer mes morceaux fin 2011, j’ai débuté l’enregistrement en juin 2012 et l’ai fini en juin 2013. Le délai tient aussi au fait que je n’ai pas les moyens ni les connaissances pour tout enregistrer moi-même, et que je fais appel à des amis comme ingénieurs du son, et dont les disponibilités peuvent être parfois très variables.
D: Sühnopfer has always been about mediaeval atmosphere, delivered through fast, technically sublime black metal. In this sense, it’s quite distinct from a lot of French black metal: it’s not as ‘out there’ as Peste Noire, nor as emotional as the likes of Mortifera. One could say Sühnopfer has a largely Scandinavian style that dips heavily into French atmosphere. Will the new album be a continuation of this concept, or did your recent affiliation with some more experimental projects perhaps encourage you to handle things differently? In any case, I do hope you will keep singing in French!
Tout d’abord rassures-toi, le chant sera intégralement en français ! Comme je viens de le dire les morceaux sont prêts depuis environ 2 ans maintenant, il n’y aura donc pas d’expérimentations hasardeuses dues à mon implication dans d’autres groupes, mais juste des évolutions naturelles dans ma façon de jouer et de chanter. J’espère avoir un résultat encore plus intense et percutant que sur « Nos Sombres Chapelles », il y aura aussi bien sûr des évolutions dans le son global, mais la ligne directrice reste la même. Toujours cette ambiance médiévale, chevaleresque mais aussi obscurcie et endurcie sur certains passages.
Ce nouvel album va s’intituler « Offertoire », il comportera en tout 7 titres pour une durée d’environ 50 minutes, dont deux traiteront de thèmes plus religieux, les autres se rapportant à des lieux du Bourbonnais et à leurs légendes, mais toujours dans le contexte médiéval. Toujours également ce côté « scandinave », car comme tu le sais mes influences musicales sont à chercher du côté de Sacramentum (« Far Away from the Sun »), Dissection ou encore Setherial (« Nörd »), mais tu as raison de dire que ces influences ont été absorbées dans le côté personnel et local de ma musique. Je te laisserai juger à l’écoute de ce nouvel album, mais je ne pense pas qu’il y ait de groupe français qui fasse un black metal aux sonorités similaire à celui de Sühnopfer, j’espère avoir établi une personnalité qui lui est propre au fil de toutes ces années.
D: You are slowly growing into a French Hellhammer, judging by the amount of bands you’re involved in. Are there any projects, apart from the ones mentioned in this interview, that we should look out for?
Merci pour la comparaison, mais je ne pense pas en être à un tel niveau non plus. En dehors de Sühnopfer, Christicide et Peste Noire, nous avons mentionné Aorlhac qui a produit deux bons albums et avec qui j’ai fait la batterie en concert, je vais travailler sur leur nouvel album comme batteur studio cette fois ci. J’ai également fait le chant pour les concerts de Sigillum Diabolicum, ils ont également sorti des albums sur lesquels je n’interviens pas. Je viens aussi d’enregistrer la batterie en studio pour Lemovice, un groupe de Oï français. Je pense qu’on a à peu près fait le tour.
D: Similarly, are there any bands in the French scene in general that deserve a bit more attention/recognition abroad?
Étant déjà très pris par mon propre travail, je n’ai plus le temps nécessaire pour suivre les nouvelles sorties, que ce soit pour l’underground français ou pour les gros groupes scandinaves…cependant j’arrive parfois à apprécier certains groupes lors de concerts ou que des amis me font découvrir. Je pense notamment aux premiers Darkenhold, ou dans un registre un peu différent du black metal, à mes amis de An Norvys, qui officient dans un style plus folk/celtique.
D: Alas, we are nearing this interview’s conclusion. For those readers who were not arrested for legally purchasing fire-arms, do you have any advice or other closing comments?
Haha, ça aurait bien pu être mon cas !
Et bien pour finir, lors de la sortie du nouvel album sur Those Opposed Records, il devrait également y avoir une réédition sur un même cd de « Laments » et « L’Aube des Trépassés », car ces derniers sont quasiment introuvables actuellement. « Nos Sombres Chapelles » est également sold-out depuis peu, mais je suis en discussions pour la sortie d’une version LP sur le label allemand Deviant Records. Le nouvel album devrait aussi avoir sa version vinyl peut-être chez Those Opposed, et une version tape comme « Nos Sombres Chapelles » sur le petit label français « The Way of Force », qui produit également la compilation tape « Morbid Tunes of the Black Angels » qui devrait sortir d’ici peu, avec un titre de Sühnopfer et beaucoup d’autres groupes français de qualité comme Christicide par exemple.
Voila, je te remercie pour cette interview, ainsi que tous ceux qui apportent leur soutien à Sühnopfer ou aux autres groupes dans lesquels j’officie. J’espère que tu ne seras pas déçu par mon nouvel album. Bonne continuation dans tes fines analyses !
And that concludes our interview. BIT’s first, mind. On behalf of myself and the other editors, I thank Ardraos, for spending some of his valuable time to answer these questions. That our paths may cross again!
Credits:
Leex – translation of Ardraos’s answers into English
Ardraos – supplying the majority of the images
Valnoir of Metastazis – KPN photoshoot
See also:
Our review of Sühnopfer – Nos sombres chapelles
Our review of Peste Noire – Peste Noire
Our review of Peste Noire – L’Ordure à l’état Pur
Our review of Peste Noire – Folkfuck folie
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